vendredi 29 août 2008

Be Happy (paupere spiritu)



Tout « auteur » qu'il soit, Mike Leigh ne s'est jamais départi d'une certaine posture neuneuisante. Ainsi de la bonté sacrificielle de Vera Drake ou du misérabilisme rayonnant d'All or Nothing. Mais ce qui n'était jusqu'alors qu'un détestable travers est devenu système, dépassant largement dans Be Happy la dose prescrite de béatitude. L'argument ? Poppy, une institutrice excentrique et hilare, qui a décidé de mettre son entourage sous perfusion d'ataraxie. Sorte de croisement irresponsable entre Amélie Poulain et Odette Toulemonde, cette tornade psychanalyse son moniteur cyclothymique, devise benoitement avec les clodos, biffe tout d'un grand éclat de rire, persuadée de l'efficacité curative de sa positive attitude. Et pas un sniper pour l'abattre.

Sans doute shooté aux bisounours, le jury du dernier festival de Berlin a salué la composition de Sally Hawkins d'un prix d'interprétation. C'est que, vous comprenez, derrière les gloussements crispants de Poppy sourdrait la plus belle des philosophies : mieux vaut en rire qu'en pleurer. Tentant en effet. Mike Leigh, sans doute las de cadrer systématiquement des larmoiements diluviens, leur préfère cette fois l'histrionisme d'une délurée congénitale. Même s'il fait mine de se draper dans des oripeaux de commentaires sociétaux (on se refait pas), c'est avant tout Poppy et son rapport débilitant au monde qui l'intéressent. Mais avec un personnage univoque pour point focale, comment voulez-vous que Be Happy se trouve un horizon, accumule autre chose que des espiègleries redondantes, dégage des enjeux un tant soit peu solides ? Surplace narratif et philo prisunic : on en viendrait presque à regretter le pathos expiatoire des précédents Leigh. Du film ne reste finalement en mémoire qu'une litanie irritante, qu'une succession de tableaux aussi couillons qu'inoffensifs : Poppy à l'école, Poppy à la plage, Poppy apprend à conduire, Poppy et ses copines... Gaffe à l'embolie quand même.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Tu sais que j'ai au moins deux nanardeurs en dépression nerveuse après ce film ???
Ils étaient à deux doigts de massacrer une armée de bisounours en sortant du ciné......