mardi 14 avril 2009

Changement d'adresse

Champ de tir est mort, L'Interrobang est né.
Retrouvez la suite du blog ici.

jeudi 9 avril 2009

DEUS IN MACHINA

Chair humaine contre métal hurlant : la SF a fait du robot notre pire ennemi. A l'heure où ils s'apprêtent à déferler sur le monde, démontons la machine à fantasmes. Et interrogeons son créateur...


« Voyant que sa créature croissait en force et en taille à cause du nom divin sur son front, l'homme se rendit maître d'elle. Effaça son nom. Et le golem tomba en poussière. » Le golem. C'est ce monstre artificiel qui hante les mythes hébraïques. Cet être de poussière et d'argile façonné par la main de l'homme qui aurait volé le gant de dieu. Un humanoïde. Le premier robot. Selon les légendes populaires, le Maharal de Prague l'aurait créé au XVIe siècle pour défendre les Juifs des Pogroms. En inscrivant le nom de Dieu (EMETH) sur le front de cette statue de boue, il lui aurait donné la vie et la force de servir la communauté. Mais l'esclave lui échappa. Lâchée dans les rues de Prague, il y sema un chaos total, écrasant sans pitié les humains qu'il devait protéger. « La légende peut être lue comme la dénonciation du risque que porte en elle la cybernétique, selon Michel Faucheux chercheur sur la valeur symbolique des techniques. Elle réactive le mythe de l'apprenti sorcier, (...) souligne le danger d'une machine autonome et plaide pour sa régulation par l'homme. » A l'heure où les robots fourbissent leurs mécha-membres, dans l'attente de leur avènement imminent, l'ombre du golem resurgit du fond des âges. Et se découpe sur le mur du futur.

LA TACTIQUE DE L'ETHIQUE
Depuis longtemps, la SF a fait sienne ces peurs millénaristes. Les premières machines destructrices apparaissent dans la littérature du XIXe siècle, mais elles ne portent pas encore le nom de robot. Il faut attendre 1920 et une pièce tchèque visionnaire (R.U.R.) pour que le mot soit prononcé. Dérivée du polonais robota (travailleur) et du tchèque robotnik (l'esclave), l'abréviation est sans équivoque : le robot est un travailleur servile. Rien de plus qu'un outil. En théorie. Car son cyber-cortex toujours plus évolué, sa conscience embryonnaire, son autonomie grandissante le conduisent fatalement à se révolter contre la main qui l'exploite. A défier son maître. C'est pour éviter ce syndrome de Frankenstein et protéger l'humain du métal hurlant, que l'écrivain Isaac Asimov formalisa dès 1942 les trois lois fondamentales de la robotique dans sa nouvelle Runaround : 1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, en restant passif, laisser cet être humain exposé au danger ; 2. Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi ; 3. Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'entre pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi. Un concept si bien ficelé, si séduisant que plusieurs pays songent depuis quelques temps à le transposer dans le monde réel. La Corée notamment qui élabore depuis 2007 « une charte éthique de la robotique pour définir et encadrer les rôles et fonctions des robots intelligents du futur ». Un peu speed les Coréens ? Pas si vite : dans ce pays à la pointe de la technologie, où l'on surfe à plus de 50 méga/seconde l'oreille collée à un cellphone high-tech, un robot par ménage d'ici 2020 n'a rien du délirium SF. Alors le ministère de l'industrie anticipe : « Les robots pensants deviendront des compagnons clés de l'homme », assure Park Hye-Young, membre du bureau de la robotique. Toujours en élaboration, ce texte s'appuierait sur le corpus d'Asimov pour résoudre la batterie de questions juridiques qui ne tardera pas à ouvrir le feu : traitement abusif des robots, utilisation illégale d'un robot, phénomène d'addiction à la robotique... Et même mariage entre humains et droïdes : « Imaginez seulement que certaines personnes se mettent à traiter leurs androïdes comme si c'était leur femme ! » Aïe, robot.

Mais relisons Asimov. En bon scientifique, l'écrivain a expérimenté ses Trois lois au fil de son œuvre. Vérifié leur validité. Éprouvé leurs limites. Relevé leurs contradictions. Pour malgré lui les invalider. Au nom de ces lois, une intelligence artificielle constatant que l'homme est un danger pour l'homme (pollution, guerres...) pourrait nous déchoir, nous dominer, nous détruire pour le bien de l'humanité sans rien enfreindre de ce qu'on lui a implémentées. Inspiré des récits d'Asimov, le I, ROBOT d'Alex Proyas dévoile le tableau apocalyptique de cette réaction en chaîne, l'infernal programmatisme planqué derrière la robéthique. Déjà dans l'ancestral WARGAMES (1983) un super-ordinateur confondait un banal piratage de lycéen avec une attaque soviétique et déclenchait automatiquement le feu nucléaire. Pour nous défendre. La régulation éthique de la machine est-elle vouée aux paradoxes ? « Il ne s'agit que d'un procédé littéraire, tempère Frédéric Kaplan chercheur en intelligence artificielle. Il ne faut surtout pas prendre ces lois au premier degré. Comme l’indique clairement Asimov dans sa préface à la série des Robots, il y a à l’origine l’idée de donner au robot une série de soupapes de sécurité qui devrait empêcher cette révolte inéluctable que l’on retrouve dans toutes les histoires de ce genre. » Pour Kaplan, c'est évident : en démontrant l'inadéquation de ces lois, en jouant sur leur mauvaise interprétation, Asimov réactualise tout simplement le syndrome de Frankenstein. Quadrature du cercle, again.

SCIENCE SANS CONSCIENCE...
Dans la communauté des chercheurs en robotique, toutes ces considérations éthiques font plutôt marrer : « On est encore plus proche du lave-vaisselle qu'autre chose, lâche Philippe Soueres du Laboratoire d'Architecture et d'Analyse des Systèmes (LAAS). Si des politiques, des juristes veulent se poser ce genre de questions, pourquoi pas, mais ces fantasmes n'ont pas lieu d'être dans nos labos. Ce n'est pas parce qu'un robot a une structure, une tête, des bras qu'il faut projeter dessus l'idée que ce sont des machines intelligentes et douées d'émotion. Nous sommes très loin d'avoir créé quelque chose qui remette en question la place de l'homme. » La révolte des robots ? « Des conneries, pour Nabil Zemiti roboticien du CNRS. Basiquement, un droïde c'est juste un moteur et un bout de ferraille. On peut le faire marcher, le programmer pour effectuer des tâches très simples et aider l'être humain. C'est tout. » Le chercheur est à sa place : prosaïque, terre à terre, imperméable au prospectivisme de la SF. C'est un accoucheur du futur qui ne conjugue qu'au présent. Au conditionnel si l'on insiste. A ses yeux, le robot tient d'avantage de l'ustensile métallique que d'une hypothétique menace sur notre dominion planétaire. Il y voit seulement la réponse prochaine à plusieurs enjeux de civilisations, le vieillissement de nos sociétés occidentales par exemple. Une société française, Aldebaran Robotics, y travaille depuis 2002 : « Dans le futur, chaque personne âgée aura un robot domestique, prophétise ainsi Bruno Maisonnier le boss de ce leader du marché. Il les assistera dans leurs tâches quotidiennes, les aidera à rester plus longtemps chez elle. Aujourd'hui on en est encore aux plate-formes de recherche et développement, mais pour reprendre les propos de la chambre de commerce de l'ONU : "Au XXIe siècle, le marché de la robotique autonome sera aussi gros que le marché automobile au XXe siècle. " »

Investisseurs n°1 ? Les marchands de mort. Qui n'ont rien à foutre de l'assistance à la personne. Tomahawks, drones espions, démineurs mécaniques, machines de combat... Ca fait 30 ans que le Pentagone fantasme son mécha-soldat et injecte des centaine de milliards dans la recherche sur la vie artificielle. Encore au stade de la préhistoire, la robotisation du champ de bataille, le fameux Future Combat System, marche au pas vers le futur. Et réveille le spectre de Skynet (TERMINATOR). Quid de cette machine globale et décisionnelle qui se met tranquillement en place, de cette conduite forcée vers l'automatisation de la guerre, de ce golem cybernétique auquel la science prête indirectement son concours ? « Dès qu'on développe une technologie poussée, il y a toujours des utilisations négatives, répond Philippe Soueres. Mais il est plus du devoir des chercheurs de se poser des questions pragmatiques à brève échéance pour faire avancer la science, que des questions à long terme sur le sens de la vie et de la métaphysique. » Impossible de ne pas songer aux leçons du projet Manhattan. Pendant la 2nde Guerre Mondiale, le gouvernement américain lança ce programme de recherche sur la bombe atomique sans un seul but : prendre les scientifiques nazis de vitesse. Nuit et jour, sans relâche, une poignée de chercheurs travailla à la conception de cette arme sous la houlette d'Oppenheimer. Quand l'Allemagne capitula. Devenue inutile, l'arme atomique aurait pu en rester là, au stade de l'IVG. Mais les savants la finiront quand même. Pas au nom d'un quelconque esprit va-t-en guerre, juste pour voir aboutir leurs recherches, accomplir un exploit scientifique, parfaitement aveugles aux conséquences de leur frénésie. Ils ont obéit, comme de simples machines, au programme bombe-atomique.exe. Quand la première péta dans le désert du Nouveau Mexique, le physicien Kenneth Bainbridge aura cette réflexion : « Maintenant, nous sommes tous des fils de pute. »

HUMAINS AVANT TOUT
C'est par peur de tous ces Golem de la science que les néoluddistes extrémistes en appellent régulièrement à détruire les robots. A faire machine arrière. Nés dans le sillage de la robotique et des nouvelles technologies triomphantes, ce groupe se réclame des luddistes du XIXe, un mouvement ouvrier anglais qui détruisait méthodiquement les machines à tisser des fabriques. « Je n'encourage personne à faire sauter les machines à laver, écrit le philosophe Nicholas Hunt-Bull dans son manifeste néo-luddiste. J'encourage simplement à y réfléchir à deux fois (voire trois ou quatre) avant de décider d'utiliser toutes les technologies à notre disposition. Quand l'outil devient le maître, il est temps d'éteindre son portable. Car le jour où votre portable sera plus intelligent que vous, il sera sans doute déjà trop tard. » Sauf que ces ancêtres réac de Sarah Connor, Néo et Morpheus se gourent de cible. Le projet Manhattan et tous les Golem de la SF en font l'implacable démonstration : ce n'est pas la machine qui devrait faire peur. C'est l'homme.

vendredi 6 mars 2009

Evangelion 1.0 : Tou Are (Not) Alone


Le syndrome George Lucas a encore frappé. Autant par perfectionnisme que par appât du gain, Hideaki Anno a accepté de scénariser et superviser le projet Rebuild Evangelion, mi remake mi reload de sa propre série. Etait-ce bien nécessaire ? Un point d'histoire d'abord. Diffusé à partir de 1995, Evangelion c'est à la fois le point d'achèvement et de non retour du mecha, ce sous-genre du manga et de la japanime à base de robots géants pilotés de l'intérieur. Point d'achèvement parce qu'il en reste la vision la plus aboutie d'un point de vue technique comme narratif ; point de non retour parce qu'il scelle la fusion terminale de l'homme et de la machine, de l'âme et de son vaisseau, discours sous-jacent de toute la production du genre (Macross, Gundam, Patlabor...) ici sublimé par un sous-texte psychanalytique. L'importance accordée aux états d'âme des héros plongera d'ailleurs la série dans un magma dépressif, limite neurasthénique, qui n'était autre que celui d'Hideaki Anno lui-même. Une portée introspective et réflexive jusqu'au délire qui débouchera sur une impasse en forme de mise en abyme : appendices suicidaires et sibyllins, les derniers épisodes comme les deux films sortis en salle (Death and Rebirth et The End of Evangelion) dérouteront les spectateurs dans leur volonté manifeste de ne répondre à aucune des questions posées. Série culte, série malade, Evangelion c'est un peu Goldorak piraté par Pessoa.

Histoire de réactualiser le mythe, de conquérir de nouveaux spectateurs et de capitaliser sur ses fans hardcore, Anno a donc accepté de remettre le couvert. En quatre films cette fois. Premier volet de cette tétralogie, Evangelion 1.0 : You are (not) alone condense les six premiers épisodes de la série. Jeune adolescent dépressif, Shinji est l'un des seuls humains capable de piloter EVA, un robot anthropoïde surpuissant. Il devra apprendre à surmonter sa peur et son mal être pour repousser les attaques des Anges, des monstres mystérieux qui cherchent à rayer Tokyo de la carte. Bien plus fluide et digeste que le résumé bordélique de Death and Rebirth, la littéralité de cette reprise n'en reste pas moins décevante. Le replâtrage numérique effectué par les équipes d'Anno ne suffit pas à masquer l'opportunisme mercantile de toute cette opération : mêmes personnages, mêmes dialogues, mêmes cadrages, il ne s'agit ni plus ni moins que d'un update façon Star Wars 1997. Jusqu'au rythme qui n'a pas été repensé pour un long métrage d'1h30 mais simplement dupliqué depuis la série. Résultat, un tempo accumulatif, tout en ellipses et combats répétitifs (on est loin du travail d'adaptation d'Otomo sur Akira), qui pourra paraître obscur à ceux qui n'auraient jamais arpenté les arcanes d'Evangelion. A force de vouloir s'adresser à la fois aux fans de la première heure et aux newbies, Anno prend le risque de ne parler à personne.

Reste le plaisir indéniable de (re)découvrir ce morceau de culture populaire sur grand écran et dans une version rehaussée. Alors que le design de la série commençait à sérieusement s'émousser, ce rebuild accroit le dynamisme de l'ensemble -les fights entre robots en particulier- sans rien sacrifier de l'ambiance névrosée indissociable de la saga. Même si l'on peut légitimement s'interroger sur l'intérêt profond de cette refonte, l'aura de la série innerve chaque image, chaque dialogue, et maintient le tout à flot malgré ses errements et son imagination en berne. En espérant que les épisodes à venir prendront d'avantage de liberté avec le matériau originel. To be continued...

vendredi 23 janvier 2009

The Expendables


(Action Man, le plus grand de tous les héros)

vendredi 16 janvier 2009

MacBook_Wheel

R-E-V-O-L-U-T-I-O-N-N-A-I-R-E :

mercredi 14 janvier 2009

No Country for Men


Je lisais ça -brillant d'ailleurs- et je pensais :

Je me demande si le récent cinéma des frères Coen n'est pas tout entier ramassé dans Chigurh, le tueur de No Country for Old Men : un bloc d'étrangeté manifeste, à la frontière de tout, de la folie, de l'humanité, de la monstruosité, zone de friction entre terre et acier trempé, comédie et tragédie dans le même mouvement, une bestiole sans illusion, pure abstraction. C'est son esprit malade, schizo, qui a bavé sur Burn after reading, comme s'il avait fini par contaminer toute la réalité, phagocyter ce qui reste de quotidien. Les personnages du film ne sont que des figures pathétiques, de pures fonctions prises dans les rêts d'une réalité enroulée sur elle-même. Des marionnettes emmêlés dans leurs fils. Plus grand chose de vivant ici, au sens fort qu'on aime à lui donner, juste une pure mécanique ivre de sa propre vitesse, fasciné par son pouvoir d'autodestruction. Plus rien n'a d'importance, d'ailleurs plus rien n'a de sens ("qu'est ce qu'on a appris ? Rien"), les événements s'écroulent comme des dominos sur un champ de bataille, et ne reste que des morts. Chigurh sourit.

Contre toute attente, ce cinéma est pourtant profondément humain. Non pas dans sa manière de le célébrer, mais justement de le nier, de le biffer, de le ravaler au rang de carburant à fiction. Les Coen sont devenus des cinéastes nihilistes qui regardent la réalité en face mais ne s'en satisfont pas. Ils prennent juste acte d'un monde qui a rejeté l'humain à sa périphérie et broie tout sur son passage dans une jubilation aussi vaine que suicidaire. Mais on aurait tort de lire une quelconque satisfaction sur leur visage. Derrière le sourire de façade, leur fatalisme et leur désespoir dressent un même constat d'échec : No Country for Men. Tout court.

jeudi 1 janvier 2009

Hall of fame

Parce que ce bon vieux Bip-bip a raison ("Fixer une hiérarchie à cette matière mouvante, organique qu’est la passion du cinéma, c’est un exercice attrayant de prime abord mais voué à la déception, à l’échec, au trompe-l’oeil"), 2008 sera désordre nécessaire :

-Speed Racer
-Two Lovers
-Sparrow
-No Country for Old Men
-The Happening
-Wall-E
(un cran)
-Redacted
-L'Echange
-Valse avec Bashir
-Tropic Thunder
-John Rambo
-Indiana Jones 4
-Serbis
-Appaloosa
-Step Bro
-Cloverfield

Pas d'étages, donc, mais quand même, ça :


Better,
Faster,
Stronger.

Go Speed Racer Go - Ali Dee and the Deekompressors

lundi 15 décembre 2008

C'est Thirion qui le dit : "Burn after Reading est le Boulevard de la Mort des Coen, un film préoccupé de vitesse, abandonnant les récits tentatulaires et choraux (...)"

Pas faux sur ce point ( la vitesse). A côté pour le reste : Tarantino filme d'adorables cagols, les Coen shoote de misérables crétins. Le braquet est le même, pas la conduite.

jeudi 11 décembre 2008

Lisez ça. Si, si.
J'avais raison finalement. J'appelais ça de l'autoflicage, Foucault parle de panopticon, mais le principe est le même : faire un maton de votre vis-à-vis.

Ah oui, puis regarde aussi ça.
The matrix has you.

lundi 8 décembre 2008

104

Lu ça.
Puis vérifié sur pièces.
Et le 104 est un tube. Une conduite forcée. S'y matérialise cette glissade permanente des corps, cette impression si contemporaine de passer parce qu'on nous refuse. Je suis un étranger. Ici tout est pure surface, conçu pour nous accélérer, pauvres particules, nous cracher à l'autre bout du canon. L'ambiance hall de gare ou quai d'embarquement n'est pas feinte : le 104 est un non-lieu. Sauf qu'aucun drame ne s'y joue. Pas de départ, ni d'arrivée, rien d'autre que la traversée hébétée du vide, une déambulation glaciale et mortifère (il s'agirait d'un ancien et gigantesque funérarium). Si l'art est rencontre, confluence, synergie (à en croire les responsables de ce truc), il a déserté ces lieux, et l'on ne voit pas comment il pourrait y revenir. Difficile de voir ici autre chose qu'un détachement souverain, qu'une déconnexion, pardon, une sur-connexion spatio-corporelle. De là, sans doute, sa beauté conceptuelle, cette fascinante inclination des lieux à nous considérer comme pure trajectoire plutôt qu'être humain, à nous comprendre dans sa structure comme on y injecterait un fluide. Attention : stationnement interdit.

mercredi 15 octobre 2008

Avatar : the revolution is coming

Dieu sait que je reste habituellement circonspect face aux soi-disante révolutions promises par le tout numérique (Beowulf, hum). Mais là...

dimanche 28 septembre 2008

Faubourg 36 : ainsi flonflonflon




Paradigme du cinoche formica, Faubourg 36 se renifle dès les premiers flonflons comme un shoot ultime de naphtaline. L'époque fantasmée (le Front Populaire), l'esthétique en carton (nouvelle qualité française), les acteurs du cru (Jugnot, Cornillac, Kad, Morel), le bal costumé (postiche, marcel ou béret ?), les ritournelles (Yvette Horner aux platines), tout participe de cette impression de point-limite du genre et nous plonge dans les tréfonds d'un Paris d'Epinal maquillée en pub pour assurances... la suite ici

mercredi 24 septembre 2008

Love Gourou : pour le Myers et pour le pire

Navrant digest de la carrière de Mike Myers, Love Gourou n'arrachera des sourires consternés qu'aux plus hardcore de ses fans. Barbe postiche autour du cou, accent indien en sus, l'acteur surjoue les gourous du gotha et déroule ses grimaces face à une Jessica Alba qui cherche la sortie. Entre deux vannes à base de 1- poils, 2- cul, 3- poils de cul, un semblant de pitch s'échine à justifier l'existence du truc : pour passer chez Oprah et sauver un club de hockey de la déroute, le gourou Pitka doit réconcilier un joueur avec sa femme, une belle donzelle qui l'a quitté pour un gardien bien membré (Timberlake). Le tout sous l'œil de la bandulatoire proprio du club, inexplicablement dingue des mantras du gourou. A peine digne d'un direct-to-dvd, le résultat n'échappe au pilon qu'in extremis, graciée au nom du minimum syndical de la comédie américaine.

Inutile de traquer ici la moindre idée de tempo, photo ou mise en scène. Love Gourou se borne à shooter l'abattage de Myers et empile les saynètes informes à un rythme parfaitement mécanique. Le très moyen Rien que pour vos cheveux frayait dans ces mêmes eaux (la comédie débilo-ethnique) il y a quelques semaines, mais sa logique exponentielle le maintenait à flot, juste au-dessus du marasme. Love Gourou n'a même pas ce souci et, lové dans sa bêtise crasse, dévoile progressivement son visage le plus détestable : relancer coûte que coûte la carrière d'une star déclinante. L'embarras est tel que l'on croit parfois reconnaître Mickael Youn sous le déguisement du gourou. RIP Myers.

vendredi 12 septembre 2008

11 septembre : dans complot il y a...

Considérablement agacé par les élucubrations des conspirationnistes en tout genre, j'ai décidé de reproduire dans son intégralité cet article de Phil Mole initialement paru dans la revue américaine Skeptic (Etats-Unis, vol 12, n°4, 2006) et traduit en français par Yann Kindo pour le site Pseudo-science.org. Si le manipulateur Loose Change a convaincu certains de l'évidence d'un complot, j'espère benoîtement que cet article aussi brillant qu'étayé les fera revenir à la raison...





Les théories conspirationnistes autour du 11 septembre

Le « 9/11 Truth Movement » en perspective
par Phil Mole - Traduction de Yann Kindo - Version intégrale. Version abrégée dans SPS n° 279, novembre 2007. Article initialement paru dans la revue Skeptic (États-Unis, Vol.12, Numéro 4, 2006)

Les thèses conspirationnistes autour du 11 septembre postulent que les attentats ne seraient pas ce que l’on croit communément – une opération terroriste liée à Al-Quaeda – mais une gigantesque manipulation opérée par un secteur du complexe militaro-industriel états-unien cherchant à faire avancer ses intérêts propres. Ces thèses sont pratiquement nées en France, avec la publication en 2002 du livre très médiatisé de Thierry Meyssan, qui expliquait qu’aucun avion ne s’était écrasé sur le Pentagone. Ces thèses ont été rapidement réfutées et décrédibilisées par une contre enquête de deux journalistes de Libération, qui montraient que le « travail » de Meyssan, libre interprétation de documents trouvés sur le Net, ne répondait même pas aux critères minimaux de la démarche journalistique, tels que l’enquête de terrain visant à confronter les différents témoignages [1]. Cette mode conspirationniste n’a depuis cessé de se développer aux États-Unis, avec de nouvelles affirmations fantaisistes relatives cette fois-ci aux attentats de New York sur le World Trade Center. Lorsqu’en décembre 2006 le mensuel Le Monde Diplomatique a publié un article d’un journaliste d’extrême-gauche états-unien dénonçant le ridicule de cette nouvelle variante de la théorie du complot [2], il a essuyé de la part d’une fraction de son lectorat une flambée de lettres de protestations et de désabonnements comme il en avait rarement connu dans son histoire, preuve que ce type de démarche intellectuelle est aujourd’hui vivace dans certains milieux. Parce que ces modes de pensée, malgré leur apparence d’hyper-scepticisme, reposent notamment sur une sélection partiale des sources, un rapport très particulier à la preuve et une volonté de croire qui font écho aux démarches des pseudo-sciences, nos confrères états-uniens de Skeptic [3] ont publié en 2006 un dossier spécial sur le sujet, dont nous a avons repris et traduit un article intéressant et probablement sans équivalent en langue française. En effet, ce texte aborde la réfutation des théories conspirationnistes sous un angle qui n’est plus seulement celui de la cohérence globale d’un point de vue géopolitique ou tout bêtement logique, mais à partir d’un examen systématique des allégations d’ordre scientifique, notamment sur le plan de la physique et de l’ingénierie des bâtiments. Merci à Skeptic de nous avoir autorisés à traduire et reproduire ce document, ainsi que l’’intéressante iconographie qui l’accompagne. YK

À l’hôtel « Hyatt Regency O’Hare », près de Chicago, une foule de près de 400 personnes est réunie en cette agréable soirée d’été. Certains sont âgés, certains sont jeunes. Certains sont habillés de tee-shirts hippies colorés, alors que d’autres portent des chemises de soirée et des pantalons, mais la plupart d’entre eux ont l’air enjoués et amicaux. Nous attendons tous l’ouverture de la principale salle de conférence et le début de la session de la soirée, la première de tout un cycle de conférences qui s’étale sur tout le week-end. Nous patientons en jetant un œil sur les stands de matériel en vente : des exemplaires en DVD du film de Michael Moore Fahrenheit 9-11, du documentaire contre Karl Rove Bush’s brain [4], et du plus récent Wal Mart : The High Cost of Low Price.

Il n’y a là rien de particulièrement inhabituel, puisque tous ces documents sont en vente dans n’importe quelle librairie ou autre magasin près de chez vous. Mais, à ce moment, alors que les portes de la grande salle sont sur le point de s’ouvrir, un participant anxieux tente de lancer un slogan : « 9-11 was an Inside Job » [= « Les attentats du 11 septembre ont une origine intérieure aux États-Unis »]. Quelques personnes se joignent à lui, avant qu’un autre participant ne lui rétorque assez énergiquement : « Mais ça, on le sait déjà ! ».

Le week-end de conférences est la réunion à Chicago de 911truth.org, une des organisations les plus visibles à l’intérieur d’une coalition plus large connue sous le nom de « 9-11 Truth Movement », et la plupart des gens à l’intérieur de cette foule croient que le gouvernement des États-Unis a planifié et orchestré les attaques terroristes du 11 septembre 2001. L’affirmation : « On le sait déjà » résume bien l’attitude des participants à l’égard des données exposées au cours des conférences. Beaucoup d’entre eux ne semblent pas être à la recherche de nouvelles informations qui déboucheraient sur une compréhension plus exacte des événements du 11 septembre. Une personne assise près de moi l’admet : « On connaît déjà tous ces trucs ; nous sommes ici pour confirmer ce que nous savons déjà ». La conférence est un moyen pour les participants de souder leur identité de groupe, et d’essayer de diffuser leur message auprès de ceux qui, aux États-Unis et ailleurs, croient la « version officielle » des événements du 11 septembre.

En tant que personne qui ne partage pas les vues du 9/11 Truth Movement, j’ai un autre objectif. Je veux entendre leurs arguments et examiner leurs preuves, et comprendre les raisons pour lesquelles tant de personnes sympathiques et par ailleurs intelligentes sont convaincues que le gouvernement des États-Unis a planifié le meurtre de près de 3 000 de ses propres citoyens.

L’effondrement des bâtiments 1 et 2 du World Trade Center
Quand la plupart d’entre nous se remémorent les événements du 11 septembre, nous pensons à l’image de ces deux – pourtant apparemment indestructibles – tours du World Trade Center en train de s’effondrer au sol. Sans surprise, leur effondrement est aussi une question centrale pour le 9/11 Truth Movement. Une grande majorité des discussions et du matériel de propagande de l’organisation est relative à la chute des Bâtiments 1 et 2. Mais, comme ce matériel le montre, 911truth.org ne croit pas la version officielle selon laquelle les dommages décisifs infligés au WTC se sont produits lorsque deux avions détournés par des terroristes se sont écrasés sur les tours. Au lieu de cela, ils prétendent que les tours sont tombées suite à une démolition contrôlée, planifiée au préalable par le gouvernement des États-Unis.

Pourquoi pensent-ils une chose pareille ? Une raison essentielle semble être le fait que l’effondrement des tours ressemble au produit d’une démolition contrôlée. Puisqu’il n’y a pas de résistance structurelle à la gravité lors d’une démolition contrôlée, le bâtiment s’effondre directement sur ses propres bases, chaque étage venant brutalement atterrir sur celui de dessous à une vitesse approchant celle de la chute libre. De nombreux intervenants à la conférence de l’hôtel Hyatt comparaient des vidéos de l’effondrement des tours avec des vidéos de démolitions contrôlées connues, pointant les ressemblances tant au niveau de l’apparence que de la vitesse de la chute. 911truth.org affirme que si elle avait été effectivement heurtée par un avion, la structure métallique des bâtiments du WTC aurait dû fournir au moins une résistance minimale au poids des étages supérieurs, obligeant la structure en chute à culbuter d’un côté plutôt que de s’écraser tout droit vers le bas. Ils expliquent ensuite que les incendies causés par le carburant en feu provenant des avions qui s’étaient écrasés n’ont pas pu provoquer l’effondrement puisque le carburant des avions brûle à une température de 1500 degrés Fahrenheit [816 ° Celsius] [5], alors que pas moins de 2800° Fahrenheit [1538° Celsius] sont nécessaires pour faire fondre l’acier. David Heller développe cet argument dans un article diffusé à une large échelle : « La version officielle prétend que les incendies ont affaibli les bâtiments. Le carburant des avions a soi-disant brûlé à une telle température qu’il a fait fondre les colonnes d’acier qui soutiennent le bâtiment. Mais les gratte-ciels à structure métallique ne se sont jamais effondrés du fait d’un incendie, car ils sont faits d’un acier qui ne fond pas en dessous de 2750° Fahrenheit. Aucun carburant, pas même celui d’un avion, qui est en fait du kérosène raffiné, ne produira une température supérieure à 1500° Fahrenheit. » [6]

Puisque le carburant d’un avion en combustion n’est pas assez chaud pour faire fondre l’acier, les récits selon lesquels de l’acier fondu a été trouvé à Ground Zero amènent les conspirationnistes à conclure qu’une autre substance incendiaire a dû être introduite.

La zone encerclée montre les prétendus « squibs », en réalité de l’air comprimé par la chute du bâtiment.

Enfin, un certain nombre de leaders du mouvement affirment que des « squibs » de démolition peuvent être observés sur des vidéos de la chute du WTC juste avant et au moment où les tours commencent à tomber. Dans le jargon des professionnels de la démolition, un « squib » est un dispositif explosif utilisé pour affaiblir la structure d’un bâtiment pendant une démolition contrôlée. Plusieurs intervenants à la conférence pointaient de petites giclées de débris pulvérisés horizontalement lors de la chute, et les identifiaient comme des « squibs » mis à feu en secret pour faire tomber les bâtiments.

Que penser de ces allégations ?
Tout d’abord, examinons les aspects semblables de l’effondrement des tours du World Trade Center et de l’effondrement de bâtiments détruits lors de démolitions planifiées. Dans les démolitions contrôlées, les charges explosives affaiblissent ou brisent tous les points porteurs de la structure en même temps. Par conséquent, une fois que la chute commence, toutes les parties du bâtiment sont simultanément en mouvement, en chute libre vers le sol. Pourtant, ce n’est pas du tout ce qui s’est passé lors de la chute des bâtiments du WTC. Regardez attentivement les films des chutes, et vous constaterez que les parties des bâtiments situées au dessus des points d’impact des avions commencent à tomber d’abord, alors que les parties les plus basses des bâtiments ne sont d’abord pas ébranlées. Les parties des tours situées en dessous du point d’impact ne commencent à tomber que lorsque les étages supérieurs se sont effondrés sur eux. Ce n’est pas ce à quoi l’on s’attendrait si les tours s’étaient effondrées du fait d’une démolition contrôlée, mais c’est exactement ce à quoi il faut s’attendre si l’effondrement est la conséquence des dégâts causés par l’impact des avions et par les incendies consécutifs. Un théoricien du complot pourrait répliquer que les bâtiments ont été équipés en explosifs pour commencer à tomber par le haut d’abord, mais quelles sont les chances pour que ceux qui ont planifié une démolition si compliquée soient capables de prévoir les endroits exacts où les avions viendraient heurter les tours, et donc de préparer les tours pour qu’elles commencent à s’effondrer précisément à cet endroit ?

De plus, les images de l’effondrement de la Tour Sud, ou Bâtiment 2, montrent que la tour n’est pas tombée tout droit, à la manière des chutes caractéristiques de la tour Nord et des bâtiment rasés lors d’une démolition contrôlée. Au contraire, la tour a penché dans la direction du point d’impact avant de commencer à s’écrouler vers le bas, avec la partie supérieure du bâtiment inclinée de manière à former un angle. La différence entre les deux effondrements peut s’expliquer par la manière dont chaque avion a heurté les bâtiments. Le premier avion a touché la tour Nord (Bâtiment 1) entre les 94e et 98e étages, et l’a heurté de plein fouet, s’encastrant quasiment directement jusqu’au cœur du bâtiment. Le deuxième avion a heurté la tour Sud entre les 74e et 78e étages, mais s’est encastré de biais, endommageant gravement tout le coin nord-est du bâtiment [7]. Comparée à la tour Nord, la tour Sud a subi des dommages qui étaient à la fois moins également répartis et nettement plus bas dans la structure, obligeant le point affaibli à supporter plus de poids de la partie supérieure que le point de crash correspondant sur la tour Nord. Ceci explique à la fois l’inclinaison du bâtiment lorsqu’il est tombé du côté du point affaibli, et le fait que la tour Sud soit tombée la première alors qu’elle avait été touchée après la tour Nord. Encore une fois, ce scénario prend tout son sens si les bâtiments sont tombés à cause des dommages causés par les crashs des avions, mais n’en a pas beaucoup si les bâtiments sont tombés du fait d’une démolition planifiée.

Le 9/11 Truth Movement affirme ou sous-entend souvent que l’acier à dû fondre pour que la structure s’effondre à la vitesse d’une chute libre. Alors que leurs estimations de la température de l’incendie du WTC varient, la plupart d’entre eux sont d’accord pour dire que la température a probablement atteint 1000° Fahrenheit [538° Celsius] et peut être dépassé les 1800° [982° Celsius]. Des flammes de cette températures seraient en peu en dessous des près de 2800°F [1537°C] nécessaires pour faire fondre l’acier, mais elles auraient été suffisantes pour profondément réduire l’intégrité structurelle du métal. Les meilleures estimations scientifiques nous apprennent que l’acier perd 50 % de sa résistance à 650°C et peut perdre jusqu’à 90 % de sa résistance à des températures de 980°C [8]. Même si nous imaginons des températures pas plus élevées que 538°C au cours de l’incendie, nous aurions toujours des raisons plus que suffisantes pour s’attendre à un endommagement assez sévère pour déboucher sur un éventuel effondrement.

La structure originale des tours du WTC a amplifié les problèmes posés par l’affaiblissement de l’acier. Les tours avaient une façade légère composée de tubes verticaux liés entre eux par une ossature légère constituée de 244 colonnes extérieures en acier ; il s’agissait donc d’un maillage comprenant 95 % de vide [9] (voir le dessin). À l’intérieur de ce périmètre de tubes, il y avait un cœur de 27 mètres sur 40, conçu pour fournir un soutien supplémentaire à la tour. Des portiques triangulés d’acier, ou des poutres, rattachaient les structures extérieures au cœur sur chaque niveau, et fournissaient une part importante du soutien du poids de chaque étage. L’impact et l’explosion des avions ont probablement réduit à néant l’essentiel des matériaux d’isolation qui ignifugeaient les poutres métalliques, accroissant considérablement leur vulnérabilité face aux flammes. Le cœur des flammes a ramené l’acier à une fraction de sa résistance initiale, tout en provoquant une dilatation des poutres triangulées à chaque extrémité, jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus supporter le poids des étages du bâtiment, ce qui a déclenché l’effondrement. La dilatation et la déformation de l’acier ont dû être particulièrement importantes du fait des différences de températures à l’intérieur de la structure [10]. Ainsi, les poutres composées se sont ramollies comme une corde à linge détendue, n’offrant pas ou presque pas de résistance au poids des étages supérieurs.

Qu’en est-il de l’« acier fondu », qui selon les conspirationnistes était présent sur Ground Zero ? L’article très populaire de Steven Jones cite plusieurs sources orales évoquant de l’acier fondu coulant ou agrégé ayant été retrouvé à Ground Zero [11]. Toutefois, les sources en question sont des observations informelles d’« acier » à Ground Zero, et pas des résultats de laboratoire [12]. Pour beaucoup de gens, n’importe quel métal grisâtre ressemble suffisamment à de l’acier pour être appelé « acier » dans le langage courant. Pour établir effectivement que le matériau en question est de l’acier, nous avons besoin des résultats d’une analyse en laboratoire utilisant l’Absorption Atomique (AA) ou un autre test fiable. Il semble beaucoup plus probable que le métal vu par les nettoyeurs ait été de l’aluminium, un composant de la structure du WTC qui fond à une température bien plus basse que l’acier et qui lui ressemble beaucoup à première vue. Quant aux « squibs » que les conspirationnistes disent apercevoir sur les vidéos de l’effondrement du WTC, il s’agit de panaches de fumée et de débris éjectés des bâtiments par l’intense pression liée aux millions de tonnes de tours en chute (voir Figure 1). Les vidéos de l’effondrement du WTC montrent que ces panaches n’apparaissent qu’après que les tours ont commencé à tomber et leur intensité augmente au fur et à mesure de la chute – ce n’est pas le genre de scénario auquel on peut s’attendre si les panaches étaient des explosions provoquées pour faire s’effondrer les bâtiments.

L’effondrement du bâtiment 7 du WTC
« Pas si vite ! », pourrait répliquer le 9/11 Truth Movement. Comment expliquez-vous l’effondrement du Bâtiment 7 du WTC, qui n’a pas été heurté par un avion ? De nombreux conspirationnistes à propos du 11 septembre prétendent que la chute du bâtiment à à peu près 17h20, le 11 septembre, n’aurait pas pu avoir lieu si celui-ci n’avait pas été préparé pour une démolition. Les conspirationnistes partent de l’idée selon laquelle les dégâts subis par le bâtiment 7 au cours de l’attaque n’ont pas pu être suffisants pour provoquer un effondrement. Le site wtc7.net affirme que « des incendies ont été observés dans le bâtiment 7 avant son effondrement, mais ils étaient isolés dans de petites parties du bâtiment et étaient minuscules comparés à ceux des autres bâtiments. ». Ils affirment ensuite que tous les dommages causés par des débris en chute provenant des bâtiments 1 et 2 auraient dû être symétriques pour déclencher l’effondrement brutal du WTC7 [13]

Ces arguments ne font que révéler les présupposés de leurs auteurs. Tout d’abord, les incendies qui ont éclaté dans le WTC7 étaient très étendus, comme le montre la Figure 3. La raison pour laquelle cela n’est pas évident dans les exposés et les documentaires présentés par le 9/11 Truth Movement est qu’ils tendent à uniquement montrer la face Nord du bâtiment, faisant apparaître par ce biais le bâtiment comme bien moins ravagé par les flammes et structurellement endommagé qu’il ne l’était en réalité (voir Figure 4). Le pompier Richard Banaciski pointe la différence d’aspect entre les côtés Nord et Sud du bâtiment dans son propre compte-rendu : « On nous a dit d’aller entre Greenwich et Vesey pour voir ce qui s’y passait. On y est donc allés, et sur les faces Nord et Est du bâtiment 7, on aurait dit qu’il n’y avait presque aucun dégât, mais si on regardait ensuite la face Sud, on voyait quelque chose comme un trou haut de 20 étages dans le bâtiment, avec du feu sur plusieurs d’entre eux » [14].

Les sauveteurs à Ground Zero ont réalisé dès 15h00 le 11 septembre que les dégâts importants causés à la partie basse du WTC7 provoqueraient son effondrement, un fait qui est évoqué dans les informations télévisées du moment [15]. Les films vidéo montrent que quand l’effondrement s’est produit, le mur Sud du bâtiment a cédé en premier, ce qui est exactement ce à quoi on aurait pu s’attendre en fonction de la localisation des dégâts les plus importants. Comme pour l’effondrement de la Tour Sud, les mécanismes de la chute du bâtiment sont entièrement concordants avec la nature des dommages subis. L’hypothèse de la démolition planifiée, par contre, ne parvient pas à expliquer pourquoi l’effondrement a commencé exactement à l’endroit où les dommages ont été infligés, puisque les conspirateurs auraient dû être capables de prédire exactement à quel endroit les débris de l’effondrement des tours Nord et Sud auraient frappé le WTC7. Et, alors que les réalisateurs du documentaire Loose Change affirment que le WTC7 « s’est effondré verticalement, en un amas pratique », la vérité est que le tas de débris représentait une hauteur de 12 étages, sur 150 mètres, loin de l’« amas pratique » décrit par les conspirationnistes [16].

Pour ceux qui croient que la chute du bâtiment 7 était due à une démolition contrôlée, certaines des « preuves » les plus significatives proviennent apparemment de la prétendue « confession » du bailleur du WTC, Larry Silverstein, selon laquelle il a autorisé la destruction de la tour. La citation en question provient d’un programme télévisé de PBS datant de septembre 2002, intitulé America Rebuilds, et dans lequel Silverstein dit : « Je me souviens d’avoir reçu un coup de téléphone du, heu, chef des pompiers, me disant qu’ils n’étaient pas sûrs d’être capables de contenir le feu, et j’ai répondu : « Hé bien, nous avons déjà eu une si terrible perte de vies humaines, peut être que ce qu’il y a de mieux serait de le retirer [pull it] ». Et ils ont pris cette décision de retirer [pull], et nous avons regardé le bâtiment s’écrouler » [17]

Pour les conspirationnistes comme Alex Jones sur prisonplanet.com, cette citation semble être de la dynamite, puisqu’ils interprètent l’expression « to pull it » comme étant « dans le jargon de l’industrie le terme utilisé pour l’idée de faire s’écrouler un bâtiment à l’aide d’explosifs » [18]. Silverstein semble donc dire que lui et les pompiers ont décide de détruire le bâtiment 7, et l’ont regardé s’écrouler après qu’il ait autorisé la démolition. Les conspirationnistes prolongent ainsi leur argumentation : aucun bâtiment ne pouvant être détruit si rapidement, le WTC7 a dû être préparé pour cela longtemps à l’avance.

Si l’on y regarde de plus près, cette preuve paraît-il dévastatrice ne semble pas signifier ce que croit le 9/11 Truth Movement. On est loin d’un accord unanime dans l’industrie sur le fait que l’expression « pull it » ferait toujours référence à une démolition contrôlée – des expressions plus précises comme « pull away » seraient plutôt utilisées pour désigner ce type d’opération à conduire [19]. Et, évidemment, « pull » a beaucoup de sens différents dans le langage courant qui ne doivent rien au jargon de la démolition. Mais si Silverstein ne décrivait pas une décision de détruire le WTC, que pourrait alors signifier l’expression « pull it » ? Un bon endroit où trouver la réponse est la déclaration du 9 septembre 2005 de Mr Dara McQuillan, un porte-parole de Larry Silverstein : « Dans l’après-midi un 11 septembre, Mr Silverstein a parlé au chef des pompiers sur le site du bâtiment 7 du World Trade Center. Le chef a dit à Mr Silvertsein qu’il y avait plusieurs pompiers en train d’essayer de contenir le feu à l’intérieur du bâtiment. Mr Silverstein a exprimé l’opinion selon laquelle la chose la plus importante était de garantir la sécurité des pompiers, y compris au besoin en les évacuant hors du bâtiment. Plus tard dans la journée, le chef a ordonné le retrait des pompiers hors du bâtiment et celui-ci s’est effondré à 17h20. Aucune vie n’a été perdue dans le bâtiment 7 du World Trade Center le 11 septembre 2001. Comme signalé auparavant, quand Mr Silverstein a rapporté ces événements pour un documentaire télévisé, il a dit : “J’ai dit : vous savez, nous avons déjà eu une si terrible perte de vies humaines, peut être que ce qu’il y a de mieux serait de le retirer [pull it]”. Mr McQuillan a expliqué que, par « le » [it], Mr Silverstein faisait référence au groupe de pompiers qui était encore à l’intérieur du bâtiment (souligné par nous) » [20].

La réponse de MCQuillan précise aussi que les pompiers étaient présents dans le WTC7 pour évacuer les résidents, et ont travaillé sur le site jusque tard dans l’après-midi et peu avant que l’effondrement ne se produise. Il y a en fait de nombreuses preuves montrant que les pompiers étaient présents dans et autour du WTC7, pour des missions de secours et d’évacuation, jusqu’à un moment avancé de la journée du 11 septembre. Selon le chef pompier Daniel Nigro :« La plus importante décision d’action à entreprendre cette après-midi là était liée au fait que la chute [des tours du WTC] avait endommagé WTC7…. Il y avait de très importants incendies, sur de nombreux niveaux, et j’ai ordonné l’évacuation sur une zone suffisante pour protéger nos hommes d’équipe, de telle sorte que nous avons dû abandonner des tâches de secours qui étaient en cours à ce moment (souligné par nous) et faire reculer les gens suffisamment loin pour que si le WTC7 tombe, nous ne perdions plus de vie. Nous avons continué à agir comme nous le pouvions à cette distance, et, à peu près une heure et demie après que cet ordre eut été donné, à 17h30, le World Trade Center s’est complètement effondré » [21].

Un autre secouriste ajoute que « de terribles, vraiment terribles incendies se propageaient. Finalement, ils nous ont retirés [pulled us out] (soulignés par nous) » [22]. Les témoignages de première main à propos des opérations de secours sur le WTC7 construisent une version cohérente, et la dernière citation utilise également le mot « pull » pour décrire le retrait des pompiers des environs du bâtiment, exactement à la manière du récit de McQuillan. De fait, il y a une large concordance entre la réponse de McQuillan et les témoignages de pompiers, autour notamment des faits suivants : a) des pompiers étaient bien dans la zone du WTC7 le 11 septembre ; b) leurs actions incluaient des missions de secours et d’évacuation ; c) les pompiers sont restés aux alentours du WTC7 jusque tard dans l’après-midi du 11 septembre ; d) les pompiers ont réalisé vers 15h00 le 11 septembre que le WTC7 allait probablement s’effondrer ; et e) les pompiers se sont retirés de bâtiment peu après avoir compris cela, et ont regardé le bâtiment s’effondrer à à peu près 17h20. Malgré les objections des conspirationnistes, la « version officielle » est à la fois logique, cohérente et soutenue par des preuves.

Au contraire, la version avancée par le 9/11 Truth Movement est criblée de lacunes. Elle prétend que Larry Silverstein a fait détruire le bâtiment 7 du World Trade Center, probablement pour réclamer d’importantes sommes à sa compagnie d’assurance. Mais si tel avait été le cas, pourquoi révèlerait-il au monde son complot dans une émission de PBS ? De plus, quel lien aurait Larry Silverstein avec le gouvernement des Etats-Unis, qui, selon les conspirationnistes, a détruit les bâtiments du WTC dans le but de provoquer par la panique l’acceptation par les citoyens d’un état policier [23] ? Et si le gouvernement a planifié la démolition des bâtiments du WTC pour provoquer la peur parmi les citoyens, pourquoi à cette seule et unique occasion a-t-il attendu que tous les occupants du bâtiment aient été évacués, de telle manière qu’il n’y ait pas de blessé [24] ? La stratégie du gouvernement apparaît très inconstante dans la version du Truth Movement – tuer près de 3000 personnes dans la destruction des deux tours principales, tout en offrant tout un après midi aux occupants du bâtiment 7 pour pouvoir s’échapper. Nous devrions aussi remarquer que le complot du 11 septembre apparaît inutilement compliqué, puisque le bâtiment a été miné en vue d’une démolition contrôlée et pris pour cible par des avions – pourquoi ne pas avoir simplement mis en œuvre la démolition contrôlée, laissé les avions de côté et faire accuser des terroristes de leur choix ?


À gauche, l’image de l’immeuble WT7 souvent montrée par les partisans du 9/11Truth Movement pour prouver les faibles dommages du bâtiment. À droite, le même immeuble vu de l’autre côté et montrant les dommages structurels réels.
Il y a également le problème, que même le 9/11 Truth Movement est obligé de reconnaître, qui est que préparer un bâtiment pour une démolition contrôlée nécessite beaucoup de temps et d’efforts. Généralement, un bâtiment désigné pour une démolition est abandonné depuis un bon moment et a été partiellement vidé pour permettre aux explosifs d’être en contact serré avec la structure même du bâtiment. Mais, puisque tous les bâtiments du WTC ont été pleinement occupés jusqu’au 11 septembre, comment le gouvernement a-t-il pu trouver un accès nécessaire à la préparation des trois tours pour une démolition complète sans que personne ne remarque rien ? Imaginez ce que représente d’essayer d’installer furtivement des câbles et des bombes dans un bâtiment pendant que des milliers de gens travaillent dans les bureaux, utilisent les ascenseurs et s’activent dans les couloirs – un tel scénario est extrêmement improbable.

Le Pentagone
Beaucoup de gens dans le 9/11 Truth Movement croient que le Pentagone n’a pas été heurté par le vol 77, comme la « version officielle » le prétend. Au lieu de cela, ils croient que le gouvernement des États-Unis a d’une manière ou d’une autre organisé les destructions, peut être par l’utilisation d’une bombe ou le tir d’un missile. Cette hypothèse a d’abord attiré l’attention à travers le livre de l’auteur français Thierry Meyssan, Pentagate [L’Effroyable Imposture], qui prétend que les dommages causés au Pentagone étaient trop circonscrits pour avoir été le produit du crash d’un Boeing 757 [25]. Le documentaire Loose Change prétend que le trou fait dans le Pentagone par le prétendu avion était « un trou unique, de pas plus de 16 pieds [5 mètres] de diamètre », et qu’aucun reste quelconque de l’avion n’a été retrouvé sur le site du crash [26]. Pour théâtralement soutenir cette dernière affirmation, les conspirationnistes citent le témoignage du correspondant de CNN Jamie McIntyre sur le site du crash le 11 septembre, qui affirme : « D’après mon examen du terrain, il n’y a pas d’indication d’un avion s’étant écrasé en un lieu quelconque proche du Pentagone » [27].

À la manière des arguments discutés plus hauts selon lesquels les dommages infligés au bâtiment 7 du WTC n’étaient pas suffisants pour le faire s’effondrer, les critiques relatives à la taille du trou fait par le vol 77 dans le Pentagone reposent sur un choix très sélectif de la perspective. Les conspirationnistes aiment renvoyer à des photos du Pentagone endommagé dans lesquelles le trou fait par l’avion apparaît étroit, mais aiment beaucoup moins celles dans lesquelles l’étendue complète des dégâts apparaît clairement. Certains conspirationnistes ne semblent pas non plus satisfaits de la forme du trou, qui ne correspondrait pas à celle attendue pour un crash d’avion. Mais l’idée selon laquelle l’avion aurait dû laisser dans le bâtiment une forme aisément reconnaissable est une illusion – un Boeing 757 en pleine vitesse ne laissera pas dans le bâtiment en béton une empreinte de lui-même comme un ange tombé dans la neige (contrairement à ce qui s’est passé pour les bâtiments du WTC, dont l’extérieur était largement constitué de verre, et qui ont effectivement intégré la forme de l’avion.). Et la polémique autour du fait qu’aucun reste du vol 77 n’a été retrouvé sur le site du crash est tout simplement grotesque. De nombreuses photos prises dans la zone autour du site du crash sur le Pentagone montrent clairement des débris de l’avion éparpillés. Dans un excellent article de Popular Mechanics à propos des théories du complot autour du 11 septembre, l’expert en explosions Allyn E. Kilsheimer décrit ses propres observations en tant que premier ingénieur en bâtiments à être arrivé au Pentagone après que le vol 77 se soit écrasé : « J’ai vu les marques des ailes de l’avion sur la façade du bâtiment. J’ai ramassé des morceaux d’avion avec des identifications de la compagnie d’aviation sur eux. J’ai tenu de ma main la queue de l’avion et j’ai retrouvé la boîte noire ».

Le témoignage oculaire de Kilsheimer est soutenu par des photos de l’épave de l’avion à l’intérieur et à l‘extérieur du bâtiment. Kilsheimer ajoute : « J’ai tenu dans mes mains des morceaux des uniformes de l’équipage, avec des morceaux de corps. C’est bon, maintenant ? » [28].

Mais, s’il y a tant de preuves qu’un avion s’est écrasé sur le Pentagone, pourquoi le correspondant de CNN Jamie McIntyre rapporte-t-il qu’il n’en a trouvé aucune ? La réponse est que McIntyre n’a pas du tout dit cela, et le 9/11 Truth Movement une fois de plus manipule sélectivement les preuves pour les faire coller avec ses conclusions. Quand McIntyre a spécifié qu’aucun débris d’avion n’était visible près du Pentagone, il répondait à une question précise posée par la présentatrice de CNN Judy Anchor. Le Vol 77 s’est approché en volant très bas, et il y avait des interrogations quant au fait que l’avion ait pu toucher le sol juste avant de heurter le Pentagone. La réponse de McIntyre, quand elle est citée dans sa totalité, montre clairement qu’il était en train d’expliquer qu’il n’y avait pas de signe que l’avion avait heurté le sol avant de heurter le Pentagone, mais il ne nie absolument pas le fait que l’avion a frappé le Pentagone lui-même : « WOODRUFF : Jamie, Aaron parlait tout à l’heure – ou l’un de nos correspondants parlait tout à l’heure – je pense – en fait c’était Bob Franken – avec un témoin qui disait qu’il semblait que le Boeing 757, l’avion de l’American, l’avion de l’American Airlines, s’est écrasé un peu avant le Pentagone. Pouvez-vous nous donner une meilleure estimation de à quel point l’avion a effectivement touché le bâtiment ?MCINTYRE : Vous savez, cela a pu apparaître de cette manière, mais d’après mon examen du terrain, il n’y a pas d’indication d’un avion s’étant écrasé en un lieu quelconque proche du Pentagone. Le seul endroit est en fait l’endroit du bâtiment qui a été heurté (souligné par nous), et, comme je l’ai dit, les seuls morceaux visibles qui restent sont si petits que vous pouvez les ramasser avec votre main. Il n’y a pas de grands morceaux de la queue, des ailes ou du fuselage, rien de tel nulle part aux alentours, ce qui semble indiquer que l’ensemble de l’avion s’est écrasé sur le côté du Pentagone et a fait s’effondrer cette façade du bâtiment. (souligné par nous) » [29].

Remarquez que McIntyre ne remet jamais en cause le fait qu’un crash d’avion a endommagé le Pentagone, et il précise ainsi, dans une partie précédente de la retranscription faite par CNN, avoir vu plusieurs morceaux de l’engin autour du lieu du crash [30]. Bien sûr, cela n’a pas empêché les conspirationniste de sélectionner et de choisir des informations pour faire progresser leurs objectifs.

Le vol 93 et autres anomalies supposées.
Le 5 avril 2006, les créateurs du documentaire conspirationniste Loose Change et leurs supporters ont décidé d’assister à la première du film United 93 [En France : Vol 93], consacré à l’avion détourné qui s’est écrasé le 11 septembre. Ils voulaient saisir cette occasion pour dénoncer de prétendus mensonges à propos de ce vol, et, selon les mots d’un participant au forum Loose Change, « mordre ces bâtards là où ça fait mal, et faire se retourner contre eux ce film sur le vol 93 [31] ». Pour beaucoup d’Américains, les passagers du Vol 93 qui ont affronté les terroristes et ont fait s’écraser l’avion avant qu’il ne puisse atteindre sa cible sont des héros, mais le 9/11 Truth Movement voit les choses différemment. Selon le théoricien du complot auquel vous vous adressez, vous apprendrez soit que le Vol 93 a atterri sans dommage, soit qu’un jet de l’armée américaine a abattu l’avion en plein vol [32]. La première idée prend sa source dans une confusion entre le vol 93 et le vol 1989 dans le communiqué initial de l’Associated Press (AP), le second vol s’étant effectivement posé à l’aéroport Hopkins de Cleveland le 11 septembre. L’AP a ensuite corrigé cette erreur, mais beaucoup de conspirationnistes n’en ont pas fait autant [33]. La deuxième idée repose largement sur l’affirmation sans preuve que l’essentiel du moteur et d’autres larges parties de l’avion ont été dispersées à des kilomètres du site principal de l’épave – trop loin pour être le résultat d’un crash ordinaire. Ceci est erroné, parce que le moteur a été retrouvé à seulement 275 mètres du site principal du crash, et sa localisation était en adéquation avec la direction dans laquelle l’avion volait [34]. De plus, la boîte noire du vol a enregistré la bagarre à bord avant que l’avion ne s’écrase. Les conspirationnistes se retrouvent avec une théorie non seulement sans preuve valable, mais également embrouillée. Pourquoi le même gouvernement qui a selon eux détruit le WTC aurait-il abattu le vol 93 avant qu’il ne puisse causer des dommages similaires à d’autres bâtiments ? Bien sûr, cette question présuppose une ambition de cohérence logique qui semble faire défaut au 9/11 Truth Movement.

Une autre prétendue anomalie à propos d’un vol concerne le supposé ordre de retrait donné le 11 septembre 2001 par le NORAD (North American Aerospace Defense Command) pour permettre aux avions détournés d’atteindre leur destination sans encombre. Le 9/11 Truth Movement croit que le NORAD avait la capacité de localiser et d’intercepter les avions le 11 septembre, et son échec à le faire témoigne de la conspiration gouvernementale pour permettre aux attentats de se produire. Pour étayer cette affirmation, ils prétendent que le NORAD aurait pu rapidement neutraliser les avions détournés, puisque les interceptions d’avions sont pour eux une tâche banale, avec 67 actions de ce type réalisées avant le 11 septembre [35]. De manière symptomatique, cette argumentation ne précise pas la période de temps au cours de laquelle ces interceptions ont été réalisées, ni ne nous dit si elles ont eu lieu près de grandes villes ou ailleurs, disons à des kilomètres au milieu de l’océan. Une information plus précise et plus exacte est donnée par l’article de Popular Mechanics, qui explique : « Dans les décennies précédant le 11 septembre, le NORAD a intercepté seulement un avion civil au-dessus de l’Amérique du Nord : le jet privé du golfeur Payne Stewart, en octobre 1999. Avec les passagers et l’équipage inconscients du fait de la décompression de la cabine, le contact radio a été perdu avec l’avion, mais le contact par transpondeur a été maintenu jusqu’au crash. Mais, même ainsi, il a fallu 1 heure et 22 minutes à un F16 pour atteindre l’avion ciblé » [36].

Ce n’est pas une chose aisée et rapide que de localiser et d’intercepter un avion à la trajectoire erratique. Le personnel du NORAD doit d’abord essayer à plusieurs reprises d’établir le contact avec l’appareil pour éliminer l’hypothèse d’un problème banal, et doit ensuite contacter le personnel militaire approprié pour faire décoller rapidement des avions de combat et les diriger au bon endroit. La situation le 11 septembre était de plus compliquée par le fait que les terroristes à bord des avions détournés avaient éteint ou endommagé les radars transpondeurs. En l’absence d’un signal transpondeur permettant d’identifier les avions, chaque avion détourné n’aurait été sur les écrans du NORAD qu’un spot mouvant parmi tant d’autres, le rendant d’autant plus difficile à suivre à la trace. Ainsi, même une décision immédiate du NORAD d’intercepter l’un des avions détournés le 11 septembre aurait malgré tout nécessité un laps de temps important jusqu’à ce qu’elle soit exécutée – et ce temps n’était simplement pas disponible ce 11 septembre.

Dverses autres théories du complot se concentrent sur la supposée connaissance à l’avance par le gouvernement des attaques terroristes. Une théorie répandue suggère que le volume étonnamment élevé d’opérations de « put [37] » sur des valeurs liées aux compagnies aériennes dans les jours ayant immédiatement précédé le 11 septembre. Puisque l’opération de « put » est bien une spéculation sur la baisse du prix d’une action, les conspirationnistes soupçonnent que des boursicoteurs initiés étaient au courant des attentats en préparation et ont effectué leurs opérations en conséquence. Bien que cela semble très troublant en tant que fait pris isolément, le volume général d’opérations de « put » sur ce type de valeurs avait atteint des niveaux semblables à d’autres moments de l’année. Le pic des opérations sur la American Airlines était le plus élevé parmi toutes les compagnies aériennes concernées, mais cela n’est pas très étonnant si l’on considère que la compagnie venait juste de rendre publiques de possibles pertes [38]. En effet, de mauvaises nouvelles globales à propos du secteur de l’aéronautique ont poussé les entreprises de conseils en investissements à recommander à leurs clients d’utiliser l’opération de « put », et il n’est donc pas du tout nécessaire de lier ces opérations à une connaissance préalable des attaques à venir.

Une autre théorie prétend que la FEMA [Agence Fédérale de Gestion de Urgences] est venue au World Trade Center le 10 septembre 2001, témoignant ainsi du fait que le gouvernement était au courant du désastre à venir. Cette allégation se fonde sur un témoignage de Tom Kennedy, du corps expéditionnaire du Massachusetts, qui a déclaré au présentateur de CBS Dan Rather, le 13 septembre 2001 : « Nous sommes actuellement, heu, une des premières équipes qui a été envoyée pour soutenir la ville de New York au cours de ce désastre. Nous sommes arrivés, heu, tard dans la nuit de lundi, et nous sommes entrés en action mardi matin. Et nous n’avons pas eu la possibilité avant aujourd’hui de travailler, heu, sur l’ensemble du site. [39] ». L’explication très banale de cette phrase est que M. Kenney a confondu les jours – ce qui n’est pas inhabituel pour quelqu’un qui vient de travailler pendant plus de deux longues journées dans des activités de secours d’urgence. Ainsi, une interprétation très simple du propos de Kenney est qu’il est arrivé à Ground Zero le 11 septembre (qu’il a faussement identifié comme un lundi plutôt qu’un mardi), qu’il est entré en action le 12 septembre (identifié par erreur comme un mardi), et n’a pas pu commencer à travailler sur l’ensemble du site avant « aujourd’hui » (le jour auquel il parlait à Dan Rather, soit jeudi le 13 septembre). De plus, plusieurs sources enregistrent l’arrivée de la FEMA le 11 septembre, et la femme de Kenney a confirmé que le jour auquel son mari a été envoyé à Ground Zero était bien le 11 septembre [40]. Le degré auquel le 9/11 Truth Movement est capable d’exagérer et de manipuler de simples erreurs ne témoigne justement pas d’un très grand souci de la recherche de la « vérité ».

Une grande part de cet article a été consacrée aux explications données par le 9/11 Truth Movement, mais il faut remarquer que les explications qu’il ne donne pas posent tout autant problème. Je ne suis parvenu à retrouver dans aucun de leurs écrits aucune analyse sérieuse d’Al Qaeda, du terrorisme islamiste ou de l’histoire contemporaine du Moyen Orient. L’explication la plus probable de ce phénomène est que, comme la plupart de leurs compatriotes américains, une grande partie d’entre eux ne s’est jamais vraiment préoccupé du Moyen Orient avant le 11 septembre. Pourtant, il est impossible de comprendre la menace terroriste si l’on ne comprend pas comment la chute de l’empire Ottoman, la fragmentation après la deuxième Guerre Mondiale d’une grande partie du Moyen Orient en de nouvelles nations aux frontières largement arbitraires, la réaction du monde musulman à la création d’Israël, la naissance du fondamentalisme islamiste, le conflit avec et l’influence de la Russie soviétique, ainsi que la frustration face au soutien américain à Israël ont façonné l’idéologie et les ambitions de groupes comme Al Qaeda. Les groupes terroristes islamistes ont émergé dans ce contexte, et ont activement et de manière répétée pris pour cibles les intérêts américains, depuis plus de deux décennies. L’idée selon laquelle des terroristes islamistes s’en prendraient à des bâtiments états-uniens est cohérente avec des événements récents des deux dernières décennies, dont : une attaque par la faction radicale Hezbollah de casernes de Marines au Liban en 1983. le détournement de l’Achille Lauro en 1985 une attaque au camion piégé du World Trade Center en 1993, qui avait tué 6 personnes et blessé plus de mille. une tentative déjouée de faire exploser 12 avions se rendant des Philippines aux États-Unis en janvier 1995. une attaque sur les tours Khobar en Arabie Saoudite en 1996, qui a tué 19 membres du contingent états-unien et blessé une centaine d’autres. l’explosion en 1995 des bâtiments des ambassades états-uniennes au Kenya et en Tanzanie, qui a tué 12 Américains et 200 kenyans et tanzaniens. une tentative avortée de Ahmed Ressam d’attaquer l’aéroport international de Los Angeles fin 1999 un attentat-suicide à la bombe contre le navire U.S.S. Cole le 12 octobre 2000, qui a tué 17 marins et blessé 39 autres [41].

Par ailleurs, il est nettement établi qu’Oussama Ben Laden a de manière répétée organisé et commandité des attentats contre les Etats-Unis. Son rôle en tant que bailleur de fonds pour d’importantes organisations terroristes et en tant que leader d’Al Qaeda est lui aussi bien établi. Ben Laden a en 1996 lancé une fatwa proclamant officiellement le jihad contre les Etats-Unis, et une seconde fatwa en 1998 spécifiait que « tuer les Américains et leurs alliés, militaires ou civils, est un devoir personnel pour chaque musulman qui est en mesure de le faire, dans n’importe quel pays dans lequel il est possible de le faire » [42]. Puisque Ben Laden et Al-Qaeda ont officiellement revendiqué les attaques du 11 septembre, et que les preuves pointent dans leur direction, il n’y a pas lieu de se mettre en quête de théories alternatives [43].
La meilleure explication des événements du 11 septembre est que c’était alors la plus récente et la plus destructrice au sein d’une série d’attaques conduites par des terroristes islamistes radicaux, qui veulent mettre un terme à ce qu’ils estiment être une politique extérieure états-unienne malfaisante. En tant que nation, nous n’étions psychologiquement et stratégiquement pas préparés à une telle attaque, du fait de notre incapacité à reconnaître le sérieux de la menace. Malheureusement, le 9/11 Truth Movement continue à détourner son regard des vrais problèmes, préférant la consolation par l’illusion à la réalité.

Conclusion : l’attrait des théories du complot
Cet article a analysé les arguments du 9/11 Truth Movement et les a trouvés déficients. Pourtant, les 400 personnes qui assistaient à la conférence et les milliers d’autres qui soutiennent leur activité trouvent ces théories convaincantes, et la raison ne réside pas forcément dans le fait qu’ils partagent une idéologie politique commune. Sur la base de mon analyse informelle de la foule présente à la conférence à l’hôtel Hyatt, j’ai constaté que les participants semblaient provenir des deux extrêmes du spectre politique. Il y avait des représentants de la droite extrême qui récusent toute forme d’autorité au gouvernement central, et des membres de la gauche radicale qui mènent infatigablement une campagne contre ce qu’ils perçoivent comme les méfaits du capitalisme et de l’impérialisme. Il faut donc revenir à une question posée au début de cet article : pourquoi tant de gens intelligents et pleins d’avenir trouvent-ils ces théories si séduisantes ?

Il y a plusieurs réponses possibles à cette question, aucune n’excluant les autres. Une des premières et des plus évidentes est la méfiance à l’égard du gouvernement américain en général, et de l’administration Bush en particulier. Cette méfiance n’est pas totalement sans fondement. Le gouvernement américain a trompé ses citoyens à propos du véritable coût humain de la guerre du Vietnam, et s’est reposé sur des tactiques militaires qui étaient moralement discutables même du point de vue des usages guerriers. Les révélations du Watergate, du scandale Iran/Contra, et d’autres petites et grandes machinations infâmantes ont considérablement érodé la confiance du public dans le gouvernement. Vous ajoutez à cela une administration qui est entrée en fonction après l’élection la plus controversée en plus d’un siècle, qui s’est mise en marge d’accords internationaux tels que le protocole de Kyoto, qui a trompé les citoyens à propos des données scientifiques relatives au réchauffement climatique et à la recherche sur les cellules souches, qui a engagé une guerre contre l’Irak sur la base d’indigents renseignements concernant des armes de destruction massive, et qui a échoué à répondre efficacement aux effets d’un cyclone en Floride, et vous avez de solides raisons d’être suspicieux [44]. (Vous l’aurez compris, l’admiration à l’égard de George Bush n’est pas ma motivation première pour le défendre face aux accusations des conspirationnistes).

Pourtant, il faut préciser certaines choses à propos de la suspicion. D’abord, il y a l’argument philosophique élémentaire selon lequel la suspicion en elle-même ne prouve rien. – toute théorie a besoin de preuves en sa faveur pour être prise au sérieux. Deuxièmement, les erreurs faites par notre gouvernement dans le passé sont qualitativement différentes d’une décision consciente de tuer des milliers de ses propres citoyens dans le but de justifier l’oppression d’autres. Et, plus important, il y a le fait que l’essentiel de ce que nous savons des mauvaises décisions de notre gouvernement est uniquement connu du fait de la relative transparence dans laquelle notre gouvernement opère, et de la liberté de répandre et de discuter ces informations.
La complète ironie de ce dernier point m’a frappé alors que j’étais à la conférence. Voilà un groupe de près de 400 personnes réunies pour discuter ouvertement des sales coups du gouvernement des Etats-Unis, qu’ils accusent de terribles atrocités commises dans le but de faire advenir un Etat policier. Mais si l’Amérique était un Etat policier avec de si terribles secrets à protéger, les brutes au gouvernement auraient à coup sûr donné l’assaut aux salles de conférence et arrêté les leaders du mouvement. Pourtant, même les leaders du 9/11 Truth Movement que l’on entend le plus se portent toujours à merveille, et personne à la conférence ne semblait particulièrement inquiet de représailles gouvernementales. Cela semble indiquer que, à partir d’un certain point, les conspirationnistes eux-mêmes ne semblent pas réellement croire à ce qu’ils racontent.

Une autre force des théories du complot est qu’elles sont faciles à comprendre. Comme noté précédemment, la plupart des Américains ne savaient presque rien ou ne voulaient presque rien savoir du Moyen Orient jusqu’à ce que les événements du 11 septembre ne les forcent à se pencher sur la question. (L’excellent journal satirique The Onions s’est moqué de cela avec son article intitulé « Un type du coin agit comme si il s’intéressait à l’Afghanistan depuis longtemps ») [45]. Le gros avantage des théories du 9/11 Truth Movement est qu’elles ne nécessitent aucune connaissance à propos du Moyen-Orient, ou plus généralement aucune connaissance en histoire mondiale ou en politique. Cela nous amène à un autre avantage des théories du complot : elles sont curieusement réconfortantes. Des événements chaotiques et menaçants sont difficiles à appréhender, et l’attitude à adopter pour nous protéger ne s’impose pas d’elle-même. Dans les théories du complot qui se focalisent sur une cause humaine particulière, le caractère terriblement hasardeux de l’existence se moule dans un ordre compréhensible.

Le grand écrivain Thomas Pynchon a admirablement mis en lumière cet aspect des choses dans son roman L’Arc en ciel de la gravité : « S’il y a quelque chose de réconfortant –de religieux, si vous voulez – dans la paranoïa, il y a pourtant également l’anti-paranoïa, dans laquelle rien n’est reliée à rien, un état d’esprit que peu d’entre nous peuvent tenir sur la durée » [46]. La relation confuse des théories du complot avec les preuves devient alors un élément de leur pouvoir de séduction : elles peuvent virtuellement relier tout élément digne d’intérêt pour le conspirationniste au sein d’un tout qui fait sens. Cet aspect des choses a été joliment illustré au cours de la session de questions/réponses qui a suivi la conférence organisée autour du film de Rick Siegel Eyewitness : Hoboken. Un participant voulait savoir quel rôle les Francs-Maçons avaient joué dans le complot, et il semblait regretter amèrement que la version de Rick Siegel les ait négligés. Après avoir dans sa réponse brodé pendant un moment, sans apaiser son interlocuteur, Siegel a finalement fléchi et a lâché : « Ils sont très certainement impliqués ». Et pourquoi pas ? En fonction du genre de preuves avancées par les conspirationnistes, il n’y a pas de raison que les Francs-Maçons, les Illuminati Bavarois et les Sages de Sion ne soient pas impliqués dans le complot autour du 11 septembre – cela dépend uniquement de ce que vous considérez comme le plus confortable à croire. Et il semble bien que certains conspirationnistes rajoutent effectivement certains de ces ingrédients à leur mélange, comme le prouve une rumeur aussi fausse que populaire selon laquelle 4 000 juifs ont mystérieusement omis de venir travailler le 11 septembre [47].

Le réconfort est quelque chose dont nous avions tous besoin après les événements horribles du 11 septembre, et chacun de nous est susceptible de le chercher jusqu’à un certain point. Pourtant, il n’y a pas de justification morale au fait de chercher le réconfort au détriment de la vérité, tout particulièrement si la vérité est précisément ce dont nous avons le plus besoin pour éviter les erreurs du passé. La vérité est importante pour elle-même, mais elle vaut aussi en ce qu’elle est notre seule protection face aux malfaisances de ceux qui exploitent cyniquement des quêtes de vérité pour faire progresser leurs propres ambitions. C’est notre souci de vérité qui nous pousse à critiquer notre propre gouvernement quand c’est nécessaire, et à insister pour que d’autres qui prétendent faire de même respectent les mêmes critères rigoureux en termes de preuves et d’argumentation. Le 11 septembre a été un puissant rappel de à quel point la vie et la liberté humaines sont précieuses et fragiles – c’est là le plus important reproche que l’on puisse faire à ceux qui vivraient au service de l’illusion.


[1] Guillaume DASQUIE et Jean GUISNEL, L’effroyable mensonge. Thèses et foutaises sur les attentats du 11 septembre, Paris, La Découverte 2002.
[2] www.monde-diplomatique.fr/2006/12/COCKBURN/14270.
[3] http://www.skeptic.com/.
[4] Surnommé « Le cerveau de Bush », Karl Rove est depuis les années 1990 le principal conseiller politique de George W. Bush. (Ndt).
[5] « 9-11 : Debunking the Myths », Popular Mechanics, Mars 2005.
[6] HELLER David, 2005. “Taking a closer look : Hard Science and the Collapse of the World Trade Center”, Garlic and Grass numéro 6. Disponible sur http://www.garlicandgrass.org/issue6/Dave_Heller.cfm.
[7] « 9-11 : Debunking the Myths », Popular Mechanics, Mars 2005.
[8] Thomas EAGER et Christopher MUSSO, « Why did the World Trade Center collapse : Science, Engineering and Speculation », JOM, 53(12), 8-11.
[9] Ibid.
[10] Ibid.
[11] Steven JONES, « Why indeed did the WTC Buildings Collapse ? ». Disponible sur http://www.physics.byu.edu/research/energy/htm7.html.
[12] Un bon examen de cette question peut être consulté sur http://911myths.com/html/wtc_molten_steel.html.
[13] Cette affirmation peut être trouvée sur http://wtc7.net/b7fires.html.
[14] Interview du sauveteur Richard Banaciski, réalisée le 6 décembre 2001 et transcrite par Elisabeth F. Nason. Disponible sur http://graphics8.nytimes.com/packages/pdf/nyregion/20050812_WTC_GRAPHIC/9110253.PDF#search=%22Banaciscki%22.
[15] Ibid.
[16] http://www.loosechangeguide.com/LooseChangeGuide.html.
[17] « America Rebuilds », PBS Home Video, ISBN 0-7806-4006-3, est disponible sur http://shop.pbs.org/products/AREB901/.
[18] http://www.prisonplanet.com/011904wtc7.html.
[19] Une discussion avec des travailleurs spécialisés dans la démolition, autour de l’expression « pull it », se trouve sur : http://web.archive.org/web/20050327052408/http://home.planet.nl/~reijd050/911_my_own_review.htm#222.
[20] Voir « 9/11 revealed ? A New Book Repeats False Conspiracy Theories » , sur http://usinfo.state.gov/media/Archive/2005/Sep/16-241966.html.
[21] « World Trade Center Task Force Interview : Daniel Nigro”. Entretien effectué le 24 octobre 2001. Le texte de cet entretien est disponible sur : http://www.nytimes.com/packages/html/nyregion/20050812_WTC_GRAPHIC/Nigro_daniel.txt.
[22] « World Trade Center Task Force Interview :Richard Banaciski”. Entretien effectué le 6 décembre 2001, transcrit par Elisabeth F. Nason. Le texte de cet entretien est disponible sur : http://graphics8.nytimes.com/packages/pdf/nyregion/20050812_WTC_GRAPHIC/9110253.PDF#search=%22Banaciscki%22.
[23] Pour retrouver un tel argument, vous pouvez lire à peu près n’importe quoi sur http://prisonplanet.com/.
[24] Le rapport de la FEMA sur le WTC7 est disponible sur http://usinfo.state.gov/media/Archive/2005/Sep/16-241966.html.
[25] Thierry MEYSSAN, L’effroyable imposture, Paris, Carnot, 2002. Edition US : Pentagate (New York, USA Books, 2002)
[26] http://www.loosechangeguide.com/LooseChangeGuide.html.
[27] Transcription sur : http://transcripts.cnn.com/TRANSCRIPTS/0109/11/bn.35.html.
[28] « 9/11 : Debunking the Myths », Popular Mechanics, mars 2005.
[29] http://transcripts.cnn.com/TRANSCRIPTS/0109/11/bn.35.html.
[30] Ibid.
[31] http://www.loosechangeguide.com/LooseChangeGuide.html.
[32] L’affirmation selon laquelle le vol 5 s’est posé paisiblement se trouve sur http://www.rense.com/general56/flfight.htm. L’affirmation selon laquelle il a été détruit par un missile se trouve sur http://www.serendipity.li/wot/pop_mech/shanksville.htm.
[33] Une analyse de la confusion entre les deux avions se trouve chez Kropko, « September 11 Tension Vivid to Controller », Associated Press, 15 Août 2002. Cette histoire est aussi disponible en ligne sur http://www.enquirer.com/editions/2002/08/15/loc_sept_11_tension.html.
[34] « 9/11 : Debunking the Myths », Popular Mechanics, mars 2005.
[35] Une affirmation de ce type peut être trouvée sur http://911research.wtc7.net/essays/pm/.
[36] « 9/11 : Debunking the Myths », Popular Mechanics, mars 2005.
[37] En langage boursier, un « put » est une option de vente, qui donne le droit, mais pas l’obligation, de vendre un produit support (un panier d’actions, une action…) à un prix fixé à l’avance et pendant une période déterminée [NdT]
[38] Voir « AMR Corp Issues 3Q’ 2001 Profit Warning », dans Airline Industry Information, 11 Septembre 2001. Disponible sur http://www.highbeam.com/library/docFree.asp?DOCID=1G1:78127985. Pour une évaluation générale et contemporaine de la viabilité du secteur de l’aviation dans les mois précédent le 11 septembre, voir Adam HAMILTON, « Plummeting Profits », Zeal Speculation and Investment, 22 juin 2001, disponible sur http://www.zeallc.com/2001/plummet.htm..
[39] Stephanie SCHOROW, « Independant research », Boston Herald (Art and Life),5 septembre 2002.Un enregistrement sonore du témoignage de Kenney peut être entendu sur http://www.snopes.com/rumors/sound/kenney.ram.
[40] Ibid.
[41] Cette liste se fonde sur des informations trouvées dans Steven STRASSER (ed.), The 9/11 Investigations : Staff Reports of the 9/11 Commission, New York, Public Affairs Books, 2004. On peut trouver plus d’informations sur l’islamisme radical dans Ahmed RASHID, Taliban : Militant Islam, Oil and Fundamentalism in Central Asia, New York, Yale University Press, 2001.
[42] Cette citation peut être retrouvée dans de nombreuses sources, dont Steven STRASSER (ed.), The 9/11 Investigations : Staff Reports of the 9/11 Commission, New York, Public Affairs Books, 2004.
[43] David BAMER, « Ben Laden : Yes, I did it », The Telegraph, 11 novembre 2001.
[44] Une source parmi tant d’autres pour étayer ces informations est Eric ALTERMAN et Mark GREEN, The Book on Bush : How George W. (Mis)leads America, New York, Penguin Books, 2004.
[45] Cet article hilarant est consultable sur http://www.theonions.com/content/node/28079.
[46] Thomas PYNCHON, Gravity’s Rainbow, New York, Viking Press, 1973.
[47] Voir, par exemple, « Absent Without Leave », sur les Urban Legends Reference Pages : http://www.snopes.com/rumors/israel.htm.