Lu
ça.
Puis vérifié sur pièces.
Et le 104 est un tube. Une conduite forcée. S'y matérialise cette glissade permanente des corps, cette impression si contemporaine de
passer parce qu'on nous refuse. Je suis un étranger. Ici tout est pure surface, conçu pour nous accélérer, pauvres particules, nous cracher à l'autre bout du canon. L'ambiance hall de gare ou quai d'embarquement n'est pas feinte : le 104 est un non-lieu. Sauf qu'aucun drame ne s'y joue. Pas de départ, ni d'arrivée, rien d'autre que la traversée hébétée du vide, une déambulation glaciale et mortifère (il s'agirait d'un ancien et gigantesque funérarium). Si l'art est rencontre, confluence, synergie (à en croire les responsables de ce truc), il a déserté ces lieux, et l'on ne voit pas comment il pourrait y revenir. Difficile de voir ici autre chose qu'un détachement souverain, qu'une déconnexion, pardon, une sur-connexion spatio-corporelle. De là, sans doute, sa beauté conceptuelle, cette fascinante inclination des lieux à nous considérer comme pure trajectoire plutôt qu'être humain, à nous comprendre dans sa structure comme on y injecterait un fluide. Attention : stationnement interdit.